Lundi 16
Aujourd’hui, c’est la journée « visites de monastères » sur deux sites classés au Patrimoine mondial de l’Unesco (sur les 15 sites classés au Portugal, nous en aurons visités 11). Nous commençons par celui de Batalha (bataille).
Dès notre arrivée, nous sommes séduites par le style de l’église : enfin un bâtiment à forte prédominance gothique! Nos « mirettes » sont saturées de baroque ! L’édifice est un gigantesque ex-voto en pierre dressé à la suite d’un voeu fait par le futur Jean 1er à la Vierge à qui, en 1385, il demanda la victoire contre des Espagnols pourtant bien plus nombreux. Construit en calcaire fin, il a pris une jolie teinte ocre, qui rappelle la pierre de Hauterive, très présente à Neuchâtel.
L’église, très vaste, frappe par sa sobriété et l’élan de ses voûtes. La nef principale a une hauteur de 30 mètres.
Le cloître royal, qui allie les styles gothique et manuélien, dégage beaucoup d’harmonie.
La salle capitulaire retient notre attention : elle renferme la tombe du Soldat inconnu où reposent en réalité les corps de 2 soldats portugais, l’un mort en France, l’autre en Afrique pendant la 1re guerre mondiale. Deux soldats au garde à vous se relaient durant les heures de visite du monastère de chaque côté du Christ des Tranchées: retrouvé mutilé sur un champ de bataille, mis à l’abri par des soldats portugais, il a été restitué au Portugal en 1958.
La voûte de la salle capitulaire est un défi aux lois de l’équilibre: après deux tentatives malheureuses, l’architecte réussit à lancer une voûte carrée de près de 20 m de côté sans appuis intermédiaires. Après que l’on eût retiré les derniers échafaudages, l’architecte resta seul toute une nuit sous son audacieux ouvrage. Preuve était faite que la voûte tenait bon !
Un grand portique relie le chevet de l’église au portail d’un gigantesque octogone à ciel ouvert appelé « Chapelles inachevées ». Le monarque Edouard 1er du Portugal avait rêvé d’un panthéon pour lui et ses descendants. Pour une raison que l’on ignore, l’édifice ne fut jamais terminé et il fut le seul à y être enterré. Donnant sur la Rotonde octogonale, 7 chapelles sont séparées par des piliers inachevés.
Alcobaça est une petite ville de 15000 habitants qui s’est développée sur une terre marécageuse rendue fertile par le patient travail des moines.
De la façade originale de l’Église, construite par des moines cisterciens au 13e siècle, ne subsistent que le portail et la rose. La façade a été reconstruite aux 17e et 18e siècles dans le style baroque.
L’intérieur de l’église, la plus vaste du Portugal, est une des plus hautes de style cistercien. Sa restauration lui a fait retrouver sa noblesse et son dépouillement.
Le transept abrite les magnifiques tombeaux de Inés de Castro et de Pierre 1er, deux amants maudits dont je vais vous conter l’histoire.
Lors de son mariage avec l’Infante Constante de Castille, Pierre 1er tombe amoureux fou d’une des demoiselles d’honneur de son épouse, Inés de Castro. Celle-ci lui donnera trois enfants alors que le fils qu’il a conçu avec sa femme meurt en bas âge. Au décès de Constance de Castille, le roi, craignant des prérogatives de l’Espagne sur le royaume du Portugal fait assassiner Inès. Lorsque Pierre 1er devient roi, il révèle qu’il était lié à Inés par les liens d’un mariage secret. Il fait exhumer le corps et un cortège nocturne accompagne la dépouille de sa bien-aimée dans l’église du monastère d’Alcobaça où elle repose dans un magnifique tombeau. Henry de Montherlant en fit, en 1942, le sujet de sa pièce de théâtre « La Reine morte ».
Dans les bâtiments abbatiaux, quelques éléments ont particulièrement retenu mon attention: le Cloître du Silence, planté aujourd’hui d’orangers, la cuisine monumentale de 18m de haut avec sa cheminée et son vivier, alimenté en eau par la rivière qui coule sous la cuisine, l’harmonie des voûtes en croisée d’ogives.
Après les visites des monastères, nous allons manger à Nazaré, station balnéaire très fréquentée en été mais prisée également par les tours-opérateurs en cette période de l’année. Le restaurant où nous mangeons peut accueillir simultanément les passagers de 3 cars. Bonjour le bruit !
En fin d’après-midi, nous arrivons à Lisbonne. Notre car nous dépose au Belvédère de Sào Pedro de Alcantara, véritable balcon qui domine la ville basse. Du haut de cette colline (la ville en compte 7), la vue s’étend du Tage à la colline du château Sào Jorge.
Une « promenade » de deux heures et demie à travers les ruelles de la ville basse nous amène à la Place du Commerce en bordure du Tage, place emblématique de Lisbonne dont nous vous reparlerons plus tard.