Destination Baie de Somme et Côte d’Opale – Le parc du Marquenterre

Jours 11 à 16

Baie de Somme … Parc du Marquenterre … des noms entendus à de nombreuses reprises dans la bouche des ornithologues et qui nous ont donné envie de découvrir ce paradis des oiseaux .

Des milliers d’oiseaux se reposent dans les étangs lorsque l’eau envahit la baie.
Vue surplombante du parc. Derrière la digue, on devine la baie et la localité de St.Valéry

Après avoir épluché de nombreux guides de camping, Martine a jeté son dévolu sur le camping du Champ Neuf situé à moins d’un kilomètre du parc .

Histoire du parc

Au cours des années 1950, afin d’agrandir son domaine agricole, Michel Jeanson, un ingénieur agronome, fait appel au savoir-faire des Hollandais pour la construction d’un polder de 200 ha dans le but de se lancer dans l’horticulture. Après 10 ans d’efforts, il peut mettre sur le marché ses premières tulipes et jacinthes. Malheureusement pour lui, la production sera ralentie par la création du Marché Commun en 1972, ouvrant la porte à une concurrence hollandaise massive. Michel Jeanson cherche alors une alternative possible. Ayant remarqué que les oiseaux étaient très nombreux sur ses terres, il décide de convertir l’espace agricole en terre dédiée à l’avifaune. Le Parc du Marquenterre ouvre pour la première fois ses portes au public en 1973. En 1986, suite à des dégâts importants dans le polder, la famille vend la propriété au Conservatoire du Littoral, actuel propriétaire du site.

Le sable est aspiré à l’aide d’une drague pour le restituer plus loin. Les digues sont ensuite végétalisées. (Source: panneau explicatif du parc)

Les hôtes du parc

Le Marquenterre est à la fois une aire de repos pour les oiseaux migrateurs, un site d’hivernage pour les canards nordiques et un site de reproduction au printemps pour une centaine d’espèces: Spatule Blanche, Avocette élégante, Cigogne blanche , Aigrette garzette …

Le cygne chanteur se distingue du cygne tuberculé par son bec jaune
La marée est haute : les huîtriers-pie se regroupent dans les étangs.
La forme du bec a donné a donné son nom à l’espèce: spatule blanche.
Spatules blanches, grands cormorans, tadornes de Belon, vanneaux huppés, foulques macroule … tous cohabitent en bonne harmonie

Trois parcours de longueurs différentes ainsi que 13 postes d’observation ont été aménagés dans le parc. Ils permettent d’observer les oiseaux dans divers milieux ( pinèdes, dunes, prairies, marais, vasières, roselières … ) sans les déranger. Durant toute la journée, des guides naturalistes passent d’un poste d’observation à l’autre avec leur longue-vue. Ils attirent l’attention des visiteurs sur les espèces présentes et répondent avec amabilité aux nombreuses questions qui leur sont posées.

Le parc et un observatoire
Au premier plan: 4 avocettes élégantes. Derrière, des tadornes de Belon, des grands cormorans, des vanneaux huppés et des spatules blanches.

La sortie « grande marée »

Hier, nous sommes allées nous renseigner sur les possibilités de participer à une visite accompagnée dans le parc. On nous propose la sortie « grande marée » qui a lieu trois ou quatre fois dans l’année, pendant les week-end de grandes marées. La chance est avec nous: nous sommes à la bonne période. On nous précise que des bottes seront utiles et qu’il faut emporter un pique-nique.

Dimanche 11h, nous nous retrouvons à l’accueil avec 6 autres personnes et un guide très sympa. Nous nous dirigeons vers une sortie du parc qui débouche directement dans l’estuaire appelé à tort, baie de Somme : c’est sur cette surface de 72 km2 que les eaux de la Somme rencontrent celles de la Manche. Il en résulte une eau « saumâtre » . Ce milieu très particulier est divisé en deux zones: la partie la plus basse est immergée quotidiennement par le flux des marées; son sol est un mélange de sable et de vase et de nombreux limicoles viennent s’y nourrir : avocettes élégantes, chevaliers, bécasseaux , vanneaux huppés …

Bécasseau
vanneau huppé
Quatre tadornes de Belon, des canards rarement observés en Suisse, entourent trois vanneaux huppés.

La partie la plus haute, appelée « pré- salé « ou « mollière » en patois picard, n’est inondée que lors des grandes marées. Il s’y développe une végétation adaptée à un milieu salin et on y élève des agneaux dits  » prés-salé » une appellation d’origine protégée. https://www.youtube.com/watch?v=8lVOJju3bHM


La marée est en train de monter mais nous marchons sur le sable mouillé au pied de la dune, à la rencontre de la mer. Nous faisons plusieurs arrêts durant lesquels notre guide attire notre attention sur la laisse: c’est la zone de la plage découverte à marée basse. On y voit des restes de cordages, des oeufs de raie, les restes d’un phoque … mais à mon grand étonnement, quasiment pas de bouteilles en plastique.

Petit à petit l’estuaire est envahi par la mer, les courlis cendrés se posent sur les derniers bancs de sable émergés.
Oeuf de raie

Au fur et à mesure de notre progression, nous observons la mer qui se rapproche, faisant disparaître très rapidement les bancs de sable où nous observions quelques minutes auparavant des dizaines de courlis cendrés. Aux alentours de 12.15, notre petit groupe et la mer se rejoignent. Notre guide a bien calculé son timing: nous arrivons au poste d’observation construit sur la dune. De là-haut, on a une vue panoramique sur tout le parc et plus particulièrement sur un grand étang où les oiseaux viennent se reposer lorsque la marée est haute. Grâce aux longues-vues, nous avons tout le loisir d’observer ces milliers d’oiseaux: courlis cendrés, tadornes de Belon, aigrettes garzettes …

L’aigrette garzette est plus petite que la grande aigrette que l’on observe fréquemment en Suisse. Elle possède un bec gris, des pattes noires et des doigts jaune verdâtre alors que le bec de la grande aigrette est jaune, ainsi que les pattes.

Dans notre dos, la mer a complètement envahi la baie. De l’autre côté, on aperçoit St.Valéry-sur-Somme. Il est l’heure d’ attaquer notre pique-nique avant que la marée ne commence à redescendre et que nous nous remettions en route pour rejoindre le parc.

Lorsque nous quittons la dune, une mince couche d’eau et de l’écume d’une couleur peu appétissante recouvrent encore le sable. Nous comprenons alors pourquoi on nous a conseillé de nous chausser de bottes ! Entre deux vagues, nous sautons d’un banc de sable à un autre, mais lorsque nous ratons notre coup, nous nous retrouvons avec de l’eau à mi-mollets. Un couple est venu en baskets. Je ne vous raconte pas dans quel état ils sont arrivés à l’accueil !!!

Nous retournons encore deux jours dans le parc et chaque journée nous réserve de nouvelles rencontres. Lorsque nous franchissons pour la dernière fois le portail du parc, je me dis que j’y reviendrai certainement dans un proche avenir…

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